La double pièce d’Edward Albee, La maison et le zoo, mise en scène par Gilbert Désveaux, a bien des qualités.
Dans la première partie, La maison, la plus récente, expose un couple aisé, Peter et Ann, au ronronnement de la liaison durable. Ann réclame plus d’inattendu, de sauvagerie. Mais Peter peut-il soudain jouer un rôle qu’il n’a jamais appris ?
La sauvagerie survient dans la seconde partie, Le zoo, dans laquelle le personnage de Jerry, marginal halluciné interprété par Xavier Gallais, vient bousculer les certitudes de Peter. Le regard que porte Jerry sur ses voisins, son récit sur le chien de sa concierge nous tiennent en haleine, ainsi que Peter, qui se méfie cependant de sa bestialité. Jerry le provoque, cherche en Peter l’animalité cachée sous son armure civilisée. Ils en viennent aux mains pour un bout de banc.
On ne peut s’empêcher de penser à la pièce Rue de Babylone de Jean-Marie Besset, qui signe ici l’adaptation française, qui présente également la confrontation d’un notable avec un clochard énigmatique. Comme Peter, le notable est confronté à sa part animale.
L’interprétation de Xavier Gallais, à la fois variée, très énergique et néanmoins d’une formidable précision, rappelle les meilleurs rôles de Patrick Dewaere. Il parvient à porter le texte vers l’indicible. Le plateau devient son terrain de jeu. Le spectateur croit sentir contre sa joue ses coups de griffes. Du grand art.
Deux dialogues en tous points réussis qu’il ne faut pas rater, rien que pour la performance exceptionnelle de Xavier Gallais.
La maison et le zoo, d’Edward Albee
Vue au théâtre des 13 vents en 2013.